AGROFORESTERIE ACTIVE : “20 000 pieds sur terre”, pour redonner aux arbres leur place sur les terres agricoles.

 

Des décennies à décimer les arbres des terres agricoles au nom du remembrement, de la productivité, de coopératives et syndicats aux dogmes façonnés. Mais les arbres ont prouvé largement leur efficacité : ombrage pour l’élevage, respiration de la terre, humidification… Un pari difficile pour les exploitants agricoles, car il faut «sacrifier» de la terre pour remettre des arbres. Agroof a structuré une réponse, calibrée pour les entreprises, pour soutenir la réinjection des arbres dans le paysage.

L’agroforesterie, c’est une pratique agricole associant les arbres et les cultures sur une même parcelle. Une pratique ancestrale malmenée par les méthodes «intensives». Agroof est un bureau d’études de 9 salariés associés, basé à Anduze, spécialisé en agroforesterie. Avec plus de 20 ans d’expérience, cette SCOP est une pépite gardoise méconnue mais qui accompagne des projets partout en Europe, forme des experts et développe des programmes de recherche de haut vol, en outre avec l’IMT Mines Alès. Virginie Sanfelieu a développé au sein d’Agroof un projet de parrainage d’arbres, proposé aux entreprises, pour financer des projets agroforestiers au bénéfice des agriculteurs et développer de vraies relations, durables, comme les pratiques proposées.

«20 000 pieds sur terre»
La culture intensive surexploite le sol et a aussi éradiqué les arbres, qui gênait le soleil ou la mécanisation. «Or, un arbre met parfois 10 ou 20 ans à pousser. Quand un viticulteur décide de «sacrifier» un rang de pieds de vigne pour mettre des arbres, il pense à ceux qui lui succèderont». S’ils sont nombreux aujourd’hui à être dans la prise de conscience environnementale, comme à St-Mamert où des viticulteurs réfléchissent à un projet de reconstruction de la vallée en agroforesterie, «c’est compliqué, choix des essences etc.. mais surtout financièrement», explique Virginie. L’idée est de soutenir la démarche de ces agriculteurs responsables. «Il faut plus d’arbres à service écologique dans les exploitations, pour restaurer l’équilibre. Les arbres, c’est moins de produits chimiques et moins d’eau». Ajoutons l’atout biodiversité, le stockage de carbone, le bien-être animal, le paysage…

Créer un réseau
A tous niveaux du projet, «il s’agit de connecter deux univers : l’entrepreneur et l’agriculteur. Pour parrainer, on finance de 1 à 1 000 arbres ou on soutient la recherche; ou les deux» sourit Virginie, qui affirme veiller au green washing, «il faut que ça réponde à une vraie démarche RSE». Dans l’offre «Coup de Pousse», on choisit l’un des projets de plantation en cours. Les 30 € HT/arbre financent arbres et équipements et durant 3 ans, le parrain reçoit un bulletin de suivi. L’offre «Parrain’arbre» permet de contribuer à la recherche participative, menée avec les agriculteurs (100 € HT/arbre). On choisit son programme de recherche. Les fonds financent les chercheurs, les agriculteurs, les protocoles, analyses etc; et les résultats sont diffusés… Une partie des sommes est placée sur un fonds mutualisé, pour «certains projets moins lisibles et pourtant aussi essentiels». L’entreprise reçoit des outils de communication pour valoriser les retombées environnementales et sociétales et se voit invitée à des rencontres, sur des chantiers de plantation collectifs, à des dégustations… Pour vivre le mécénat vert.        

Article de : Sophie Vaneecke