Des porcs soignés à l’ombre des chênes et des mûriers

 

Nouveau parc et nouvelles pousses au Mas du Sire, à Quissac. La première phase de plantation de haies, sur la parcelle d’élevage de porcs de Caroline Mahiques, promet un habitat en plein air réaménagé pour les quelque 30 bêtes, qui vont bientôt se régaler d’un menu de fruits secs à portée de groin. Le partenariat avec Agroof tombe à point nommé pour l’exploitation de race Duroc, sous la marque ‘Baron des Cévennes’.

La journée passée à mettre en terre les premiers 260 plants sur la parcelle de 3 ha, vaudra bien quelques courbatures à Caroline Mahiques et sa famille, venue prêter main forte lors de la plantation de deux haies, le 3 février.
Chênes verts, arbousiers, cognassiers, oliviers et amandiers viendront habiller le parc des porcs de Porcqueno. Et pourquoi pas profiter de l’expertise du bureau d’études Agroof, pour leur offrir un pâturage optimal et une alimentation trois étoiles en adéquation avec le cahier des charges de la filière ‘Baron des Cévennes’, que l’éleveuse a rejoint il y a un an. À la fin de l’année, 860 arbres seront plantés pour le confort et l’apport alimentaire des porcs.
Sous les fruitiers, la régalade En séparant les cochons par lot de dix parcs à l’automne, « pour regrouper les fratries et simplifier les départs pour l’abattoir d’Alès (60 têtes par an, ndlr) », Caroline Mahiques souhaite que ses bêtes « grandissent bien et grossissent plus vite », grâce à une rotation entre les différents espaces délimités par les futures clôtures. Le nouveau régime fruitier viendra compléter le nourrissage aux céréales, fourrages et granulés, garantis sans OGM.
Installée depuis 2017 au Mas du Sire, à Quissac, l’éleveuse compte désormais ne faire que de la viande de porc Duroc, race pure à la robe rousse,  emblématique de la marque ‘Baron des Cévennes’. Pour répondre à ces  nouvelles exigences qualitatives nutritionnelles, cette fille d’éleveurs de  toros a trouvé le bon projet, porté par le bureau d’études en agroforesterie Agroof. « La séparation des bêtes par lot permet de leur fournir une alimentation adaptée selon les âges, et de laisser reposer la terre », se réjouit Caroline, entre deux plantations, épaulée par son mari, sa mère Jacqueline, son beaufrère et Chloé Lefort, animatrice de la filière ‘Baron des Cévennes’. De plus,  les arbres feront office de brise-vent et de parasols naturels, notamment pour  les mères et leurs petits. Ainsi bichonnées, à l’ombre des mûriers, des lauriers et de quelques érables, les quatre femelles reproductrices de Caroline  pourront mettre bas sur place, dans le prochain atelier de naissance, et le cheptel pourra se délecter des fruits, entre deux pâtures dans les bois alentours. 
‘AgroforesTruie’, la recherche au service d’une viande d’exception.

Le nom est tout trouvé. Centré sur l’aménagement de parcours pour « une autonomie fourragère de qualité, grâce à la plantation de chênes et de châtaigniers » en élevages porcins, le programme de recherche ‘AgroforesTruie’ étudie l’impact de l’alimentation issue d’arbres fourragers pour évaluer le potentiel des fruitiers et leur valeur nutritionnelle chez les bêtes.
Un travail d’analyses sera effectué par un laboratoire nîmois (Phytocontrol) « pour mesurer l’impact sur la qualité de la viande, en collaboration avec l’institut technique du porc », explique Fabien Liagre, responsable du pôle recherche et développement chez Agroof, soutenu dans la démarche par la Fondation de France, avec ‘Baron des Cévennes’.
« Ici, on va surtout jouer sur des fruits secs, ainsi que les oliviers et les figuiers. »
Les perspectives de prochaines sécheresses poussent à retenir les espèces les plus adaptées aux contraintes hydriques et de sol. « D’où un choix de variétés grecques et espagnoles. »
Pour la seconde phase de plantations au Mas du Sire, Fabien Liagre prévoit un arboretum de chênes à glands doux, châtaigniers et poiriers. Sur un tel projet, Agroof participe à hauteur d’environ 2 350 €, comprenant les frais de conception, de suivi et de coût des plants (10 € chacun). Sans oublier les frais de clôture électrique, à la charge de l’éleveuse, qui a réussi à faire financer son projet « à presque 90 % », grâce à la mesure ‘Agroforesterie’ de la Région Occitanie, pour protéger et grillager les parcs, à Agroof
et à ‘Baron des Cévennes’.
Une fois parvenue à un cheptel 100 % Duroc, Caroline Mahiques pourra valoriser sa viande qu’elle transforme elle-même dans un atelier partagé, après l’intervention d’un boucher pour la grosse découpe. En vente directe, auprès de La Ruche qui dit oui !, à la cantine du collège de Quissac une fois par mois, ou à la boutique éthique de la commune, les pâtés de tête, steaks et saucisses voyagent jusqu’à Montélimar, un jeudi sur deux. 
Philippe Douteau